Seattle est au rock n'roll ce que Bethléem est au christianisme.
Spin Magazine (1992)

On a besoin qu'il arrive à nouveau quelque chose comme ça - pour changer la face de la musique. Tout de suite!
Mike Inez (Alice In Chains)

04/12/2020

Radical History, biographie impeccable des Thugs!!!

Je vous assure qu'il devrait y avoir plus de gens à aimer la musique des Thugs. Come on people!!! C'est un des plus grands groupes de rock au monde! Mon partenaire Bruce Pavitt m'a dit un jour : simply put John, they're too smart to be famous - Jonathan Poneman

Petit ado campagnard qui découvre le monde dans les années 90, je me souviens buguer régulièrement devant la vitrine du Black et Noir (les samedis de sortie à la ville pour aller chopper du disque). Dans mes petits souliers... Intimidé c'est sûr, des questions plein la tête c'est certain! Ne sachant que faire... Entrer? Pas entrer? Nan parce que le Black et Noir n'était pas un disquaire comme les autres. Pour moi pousser la porte équivalait à entrer dans une dimension parallèle, avec tous les risques que ça faisait prendre pour ma propre vie... Si si, je t'assure... Le Black et Noir puait une approche de la musique à des années lumières de ce que je pouvais connaître. Puait le danger. Puait l'indépendance. La rébellion. Et pour un ado sorti du trou du cul du monde, et dont pour ainsi dire mettre un pied dehors équivalait d'abord à éviter de marcher dans la première bouse de vache venue, pas encore tout à fait formé mentalement à penser par lui même, qui plus est un ado qui commençait à prendre gout à toutes ces guitares saturées venue de la lointaine Seattle, et bé ça interrogeait grave... 

Derrière cette vitrine il y avait un gars qui était la principale éminence grise du Sub(terranean) Pop punk rock angevin, une teigne pour ce qui concerne agir en toutes circonstances avec intégrité et conscience sociale, un chanteur guitariste d'un groupe à part dans le paysage rock hexagonal. Lequel groupe avait signé dès 1989 chez le label phare des années grunge, avant même l'explosion du même nom et dans les mêmes temps qu'un petit trio pouilleux d'Aberdeen WA. Tu entrais dans le Black et Noir et tu tombais sur Eric Sourice, anti rock star binoclard, et accessoirement fondateur des Thugs. La finalité de tout ça je l'ai pas appris tout de suite, c'est petit à petit que j'ai compris ce qu'était le Black et Noir, tout à la fois disquaire, label indé, et ce qu'il représentait en tant que pièce locale d'une révolution underground musicale globale, celle où on se contrefout de ce que les autres pensent de soi, où on fait les choses par soi même, où on se construit en même temps qu'on construit son groupe. Tout le contraire de ce que te proposait l'industrie du disque.

C'est à petit pas que je me suis rapproché de la musique des Thugs, et pour tout dire, je suis vraiment rentré dedans quand eux en sont sortis, au début des années 2000. Un temps de retard, mais rentré dedans comme on devient amoureux : avec fougue et toute la passion qui va avec. D'abord accessoirement les Thugs étaient le chainon manquant entre moi et Seattle. Comme si les savoir si proches géographiquement me donnait l'occasion de pouvoir toucher du doigt ma Mecque musicale à 8000km de là. Surtout les Thugs c'était cette agression sonique perpétuelle, ces guitares d'un rèche à te récurer les tympans dès la première note, ces putains de riffs tantôt à trancher à la tronçonneuse, tantôt robotatifs et qui par là même te faisaient partir en voyage loin, mais alors très très loin...

Et enfin les Thugs c'était un idéal : oser faire par soi même à partir de ce que tu es là maintenant, avoir confiance en ses capacités même si t'as pas tous les outils, faire les choses comme tu peux et garder en tête que rien qu'avec ça tu peux faire de grandes choses... Rentrer par la fenêtre si on t’empêche de rentrer par la porte... Et surtout, surtout, faire sans oublier d'avoir du respect pour tous, et avec une intégrité irréprochable, au dessus du lot. Petit à petit les Thugs sont devenus pour moi, au delà d'un putain de groupe, un modèle à suivre, des grands frères qui montrent la voie. En bientôt 30 ans de fanatisme rock, des groupes qui ont fait vibrer mes oreilles et mon cerveau j'en ai vu passer des centaines. Et j'ai adoré ça. Par contre, des groupes qui m'ont fait vibrer au plus profond de moi même, je peux les compter sur les doigts d'une main, voire sur les yeux d'une tête, et les Thugs sont de ceux là, et haut la main avec ça! Simplement parce qu'ils ont contribué à faire de moi ce que je suis, qu'ils m'ont poussé à réfléchir au monde dans lequel je vivais, qu'ils m'ont poussé à prendre confiance et à faire avec ce que j'avais et ce que j'étais, mais à le faire vraiment, du mieux que je peux... Voilà ce que sont les Thugs pour moi... Si je suis toujours amoureux après 20 ans de vie avec les Thugs? Plus que jamais!!!

Tout ça pour dire que putaing de marde, lire cette biographie était un plaisir. Non qu'elle soit construite mieux que les autres, non qu'on y trouve des détails inavouables (ces mecs là sont juste des gens aussi normaux que peut l'être ton voisin Robert), mais juste qu'elle nous donne un vrai cadre pour accompagner les Thugs vers la légende, celle d'un groupe qui a su tirer la substantifique moelle de ce que la vie lui proposait, qui a su sublimer le maximum des possibilités inhérentes de ses 4 membres, pour construire en 20 années une carrière irréprochable et saluée par tous. L'approche de l'auteur, Patrick Foulhoux, est toutefois à saluer car il a rapidement compris que les Thugs ne se limitaient pas aux frangins Sourice et à Thierry Méanard, mais à toute une équipe de potes tournant autour. Ce livre est aussi un petit hommage aux femmes et hommes de l'ombre qui ont fait les Thugs, et leur laisse amplement la parole, dans une construction qui s'y prète à merveille en reprenant à son compte le style des histoires orales qui a fait le sel de certains des meilleurs bouquins du genre de ces dernières années... Bonne lecture!!!


25/05/2020

Le témoignage ultime sur le Seattle Sound, par Mark Lanegan, en 1 livre : Sing Backwards And Weep, et 1 disque, Straight Songs Of Sorrow!!

Écrire ce bouquin, c'était comme se faire ensevelir sous une montagne de souvenirs merdiques chaque jour qui passe. Certains m'ont dit : "Oh tu vas vivre l'expérience la plus cathartique qui soit, ça va enfin te permettre de remiser tous ces fantômes". Et moi de répondre : "mec, ça fait longtemps que les fantômes ont été remisé. Maintenant ils sont à nouveau réveillés"!!!


On avait déjà adoré les cultissimes Grunge is dead et Everybody loves our town, mais qui aurait pensé que le témoignage ultime sur les années Seattle puisse être produit par l'un de ses plus sérieux dope addict, l'un de ceux que tous voyaient déjà mort avant le passage des années 2000, qui plus est un de ses acteurs parmi les plus taciturnes et discrets qui soit? Celui là même qui s'était volontairement arraché de Seattle après le split de son groupe, les Screaming Trees, pour ne plus jamais à avoir entendre parler de grunge et même de musique, s'évanouissant dans l'immensité de l'ennuyeuse Los Angeles, vivant de petits boulots, un jour maçon, l'autre peintre, sans plus jamais chercher à revenir sur ces années de souffrance.

Et pourtant celui là était fait pour l'exercice du retour en arrière!!! D'abord parce qu'il appartenait à l'un des plus anciens groupes de la vague grunge, les Trees, formés en 1984, ce qui en fait un des personnages les plus légitimes pour survoler ces années 90's... Les Trees, ce groupe talentueux, mais formé sur un malentendu qui sera à l'origine de 15 années d'incompréhension mutuelle entre chacun de ses membres...

Ensuite parce qu'il était l'intime de Kurt, son "petit frère", et de Layne, son "jumeau". Aussi celui de Jeffrey Lee Pierce, chanteur du Gun Club... Inutile de dire que les disparitions tragiques de ces trois là ont laissé Lanegan plein de remords et de peines qu'il n'a toujours pas fini de purger... Certainement était t'il et est t'il toujours l'ami de beaucoup à Seattle : Cornell, Ben Shepherd, Mc Cready, Greg Dulli, les L7, Charles Peterson etc etc... Dylan Carlson surtout (de Earth, celui par qui on suppose que Cobain a obtenu l'arme pour se tuer) son compère de bien des instants (et sujet d'un des morceaux de Straight Songs Of Sorrow, son nouvel album). Certainement était t'il l'ennemi de bien d'autres, du moins effrayait t'il nombres d'entre eux : Pavitt par exemple, ou Liam Gallagher, qui a sauvé ses fesses d'une belle rouste in-extremis... Car le gars en question est depuis son enfance enclin à résoudre les problèmes avec les poings, en toutes circonstances et dès que possible. 

Lanegan, Dylan Carlson et Kurt au début des 90's
Lanegan et Carlson 30 ans plus tard

Enfin parce qu'il n'est pas homme à tourner autour du pot : discret mais direct, cash, n'ayant que peu de considération pour sa propre personne, il était l'homme idéal pour raconter dans le détail ses meilleurs et ses pires moments, surtout les pires, sans concession pour sa propre image et accessoirement pour celle des autres. Alors oui, ok, on trouvera quelques règlements de compte ici où là, mais la plupart du temps c'est à beaucoup de compliments qu'on aura droit pour un paquet de ceux qui ont un jour croisé ce gars, dont l'amitié semble loin d'être facile à acquérir. Mais un coup acquise, acquise à jamais...

Avoir l'impression que Lanegan était là, partie prenante ou simplement à observer dans un coin, lors des grandes et moins grandes dates du Seattle Sound est un euphémisme... Il fut l'homme d'histoires lumineuses, comme quand il écrit avec Layne Staley ce qui deviendra le troisième single du mythique Above, Long Gone Day... Glaçantes quand, parti à la recherche de Cobain disparu en ce début d'avril 1994, il visite en compagnie de Carlson sa maison pièce par pièce, et, infructueux, passe en sortant près du garage ou son ami sera retrouvé le lendemain, hésitant une seconde à tenter d'y entrer vérifier l'éventuelle présence de son pote avant de décider de partir...  Déséspérées quand quelques jours avant un RV tant attendu avec celle qui doit être sa future nouvelle amoureuse, il reçoit un coup de téléphone de Courtney lui apprenant que Kristen Pfaff vient de mourir d'overdose... Etc etc... Tout est dur ici comme un parpaing qui te tomberait sur la gueule du douzième étage sans prévenir . Tout est cru. Tout est rude. Tout est brut.

Alors oui, on n'échappe pas à la morosité extrême de cette vie de junkie qu'on voit s'enfoncer plus et plus au fil des pages, et tout ça aurait pu tourner progressivement à une lecture carrément bien chiante... Mais non, on continu à dévorer les chapitres... Comme Lanegan le dit lui même, il était prêt à gravir l'Everest pour assouvir son addiction, et ce genre d'extrémité amène son lot d'histoires sordides, hallucinantes, mais parfois aussi hilarantes... Car le gars possède un humour dévastateur, et ce livre n'en est pas exempt... On oscille donc au long de la lecture entre désolation et moments de grâces, entre sidération et franches rigolades, entre souffrances profondes et joies éphémères... Mais jamais on ne s'ennuie. Bien au contraire, on en redemande, au point de sentir un grand vide en tournant la dernière page : ce gars nous a fait voyager, rêver, souffrir, éclater de rire tout au long de son bouquin, et on en sort bouleversé. 


Et tu te prends à te demander comment lui a pu survivre à tout ça pour reprendre gout à la musique, hisser sa carrière, sublimer son songwriting pour pondre ce qui à mon gout, est la plus belle,  incontestable, talentueuse seconde partie de carrière à jamais produite par un ancien combattant des merveilleuses années 90... Comment rester de marbre devant Sister, Penthouse High ou Daylight In The Noctural House, comment ne pas déceler toute cette beauté désarmante que ce mec véhicule dans tout ce qu'il propose depuis 10 ans, et qu'il continu à distiller dans ce petit dernier, Straight Songs Of Sorrow, celui qui lui fut inspiré directement de son passé durant cette période d'intense retour en arrière, bande son idéale pour la lecture de Sing Backwards And Weep... Accompagné de Greg Dully, Warren Ellis, John Paul Jones ou Alan Johannes, dans un style qu'on aime à imaginer à cheval entre sa première période solo, celle du folk blueseux Whiskey For The Holy Ghost, et l'actuelle, plus synthétique... Comme pour faire le lien entre ses années sombres et ce retour lumineux à la vie... Une fois n'est pas coutume, Lanegan nous transporte, qui avec un livre, qui avec un nouvel album, au tréfond de lui même et au tréfond de nous même, sonder ce qu'il y est de plus enfoui, de plus sombre. Et de le ramener à la lumière du jour...

Watching the smoke from the factory float
With my back to the rain, rider
From under the snow
I'm out of the grave, spider
Didn't you know?
I'm gonna send you to heaven



10/11/2019

Une ode à Mark Lanegan : live @ Le Chabada - Angers - 04.10.19

1996 : p'tit bouseux fraichement débarqué à la grande ville (Angers!!) pour essuyer son cul sur les bancs de la fac, je profite enfin pleinement des disquaires du coin pour entretenir mon amour d'un certain rock américain découvert quelques années plus tôt. Je traine souvent mes guêtres à CD/BD, boutique d'occasion faisant face aux locaux du Black et Noir, disquaire indé et label des frères Sourice des Thugs (les gloires locales yyouhoou). La mémoire me fait souvent défaut, mais c'est un vendredi, pluvieux et annonciateur des vacances de Noel, que j'extirpe des bacs avec le V de la victoire et un cri de rage contenu un disque à la pochette quelconque, pour ne pas dire à chier. J'ai entre les mains Buzz Factory des Screaming Trees.


J'avais bien compris depuis mes années lycées et la découverte des Soundgarden, PJ et autres AIC, et la lecture de ma bible du moment (Seattle Grunge de Charles Peterson!!!) que Seattle était loin d'avoir tout donné, et cachait encore jalousement quelques secrets bien gardés. Les Trees avaient déjà à l'époque plus d'une dizaine d'années de carrière au compteur, mais que voulez vous, l'ère internet en était encore à l'état hybride, et se procurer un disque des Trees pouvait relever du parcours du combattant... Et pis j'étais tout jeunot, 13 ans en l'an de grâce 1991, le temps devait faire son œuvre... Ce fut néanmoins mon premier aperçu du talent du bonhomme... 


Buzz Factory reste encore aujourd'hui pour moi l'un des grands albums du Trees (le premier avec Endino aux manettes et le dernier chez SST), et son grand échalas de chanteur n'y était pas pour rien... Suivirent d'autres albums : Uncle Anestesia entre autre (toujours chez CD/BD, éternel merci à toi CD/BD). Puis vinrent les albums solos : Whiskey For The Holy Ghost notamment, les collaborations : QOTSA, Isobel Campbell... Et la claque, qui ne fut pas Bubblegum, même si j'ai beaucoup aimé, mais Blues Funeral : là le gars il tenait un vrai truc : le style évoluait carrément vers des sons plus synthétiques, avec grande réussite. Depuis l'amour n'a plus de limites entre nous. Gargoyle, en 2017, concentre la quintessence de l'esprit nouveau du gars en question, et Somebody's Knocking file encore plus loin vers les années 80. Toujours avec classe...

Restait à voir l'homme en concert. Chose faite ce lundi soir dans un Chabada somme toute assez tranquille. Il apparait derrière ses grosses lunettes, peu enclin aux longs discours. D'ailleurs sa voix ne s'y prête pas, affutée qu'elle est à la tronçonneuse, à moins que ce ne soit les années d'un mix clopes/bourbon qui ont ciselé, pour ne pas dire rapé, raboté, poncé, un appareil vocal peu commun... 


Tout change quand l'homme se met à chanter. Là cette voix si peu agréable aux discussions du quotidien se met à enchanter nos oreilles, nos cerveaux et pour ainsi dire nos corps, âmes et esprits tout entiers... Sans forcer il nous ensorcelle avec le meilleur de ses derniers albums, entendons nous ceux post QOTSA. Nulle trace ici de sa première vie en solo... Les morceaux du dernier album se fondent dans une setlist déjà fantastique de chansons d'une beauté contenue, discrète, ou carrément plus enlevées et presque joyeuses : les derniers singles y passent, ainsi que Dark Disco Jag ou Penthouse High, des perles à priori pas plus extraordinaires que ça de prime abord, mais qui révèlent à la longue des signes d'addictions majeures. 

L'histoire dit de Lanegan qu'il n'y avait pas plus timide et prévenant que ce gars là. C'est surement vrai : peu prolixe, de prime abord plutôt distant, d'une distance à des années lumières de l'arrogance, mais plutôt tendant à la discrétion, à l'effacement, et qui force d'emblée le respect autant que l'adhésion, cet homme, mélange d'une certaine prestance et d'autant de retenue, figé sans trop l'être à son pied de micro, ses 35 années de carrière le rendant à l'aise sur scène, fait preuve sans le montrer de petites attentions discrètes à ses musiciens et se donne sans rien calculer, totalement, à son public. Plus d'1h30 de concert sans temps mort, ou si peu. Mais Lanegan n'est définitivement pas homme à se mettre en avant, et préfère laisser la place à son guitariste quand à attirer l'attention du public. Attentionné il l'est encore en proposant à ceux qui le veulent de le rencontrer après le concert en face du bar. Cet homme est humain, surement plus profondément qu'il ne le laisse voir... Simple, apaisé, proche des uns et des autres. Et qui possède l'art du don, l'art de s'offrir aux autres. Un musicien qui enchante son monde album après album. Une voix rare, aussi rare que peuvent l'être celle d'un Vedder, d'un Cornell ou d'un Staley.


A écouter absolument du Lanegan de ces dernières années, son duo avec Duke Garwood, Black Pudding, collection de folk songs épurées qui auraient tout aussi bien pu faire l'affaire comme BO d'un bon vieux western 70'. Des albums du Mark Lanegan Band, Blues Funeral et surtout Gargoyle, vous l'avez compris, se sont révélés de pures perles à mon gout, mais le reste suit de très prêt en qualité, notamment l'EP No Bells On Sunday et Phantom Radio. Pas assez de recul pour dire si Somebody's Knocking les surpassera tous, mais il est évident qu'il les égale. Rien n'est à jeter de cet homme qui donne l'impression de vouer sa vie au plaisir de composer, jouer ou donner des coups de mains à qui le demande, dans un état d'ouverture total, et sans chercher le moins du monde à tirer la couverture à lui. Finalement, on dirait bien que de tous ces musiciens surexposés à l'aube des 90', en soit sorti deux catégories : ceux qui en ont tiré toujours plus de désespoir, et ceux qui ont su survivre, se détacher d'un certain mal être et le sublimer. Il semblerait que Lanegan fasse parti de la deuxième... Longue vie à ce gars qui a bercé ma vingtaine, et qui contribue désormais à illuminer ma quarantaine.


13/06/2019

Le Grunge est mort... Longue vie au Stoner!!!

Soundgarden me manque!!! Cri du cœur de Peeper Keenan (Corrosion of Conformity) à l'aube du tournant du siècle, dans une interview pour Hard Force Mag.

L'autre fois, en partageant une bière tout en discutant du premier bouquin sorti sur le stoner en français (Stoner : Blues for the red sun de Jean-Charles Desgroux), une révélation du genre christique nous a été donné : le grunge est mort, vive le stoner!!!!


 Je m'explique. Avec plus de 20 ans de recul désormais sur un mouvement hétéroclite et tiré par les cheveux longs (comme tout mouvement musical) ou l'on a casé tout ce qui sonnait gros riffs mastoc versus longues plages évasives voire psychées, mouvement amorcé donc au milieu des 90's, il faut se rendre à l'évidence que le stoner (et par extension le doom) partage plus avec une certaine idée du grunge, de l'alternatif, du rock burné, qu'avec son voisin métalleux. Vous me direz : vvvvooouuii hheeeuu alors zut le stoner c'est quand même plus ou moins vaguement du 100% plagiat de Black Sabbath, lequel est à l'origine de toutes les branches du métal actuel. Donc stoner = métal. Je vous répondrais ok d'ac, y'a pas l'ombre d'un doute que le stoner dude venère Black Sabbath. Même si j'en penserais pas moins que c'est avant tout un cliché... Qu'est ce qu'ont en commun les Kyuss, Corrosion of Conformity, Fu Manchu ou Clutch, si ce n'est un mélange des genres plus ou moins prononcé entre l'explosivité du punk hardcore et le rock riffé des Led Zep, Blue Cheer ou Black Sab bien sûr. Qu'est ce qu'ont en commun Soundgarden, Nirvana ou les Screaming Trees, si ce n'est le même mélange entre le rock des années 70 et le punk hardcore des années 80... Un nombre incalculable de ces groupes, qu'ils soient de Seattle d'abord, de Palm Desert, Atlanta ou du New Jersey ensuite, ont débuté dans les mêmes périodes, dans les mêmes milieux undergrounds de leur propre espace géographique. Et tous autant que les autres, montraient une addiction pour les riffs monstrueux à faire mémé s'auto-pousser dans les orties... Rappelons que Soundgarden ou les Screaming Trees ont débuté sur SST, le label fondé par Greg Ginn, guitariste de Black Flag, à l'origine du renouveau des riffs lents et lourds avec la fameuse face B de My War. Et qui comprenait en son sein, bien que dédié au hardcore, l'un des premiers groupes ouvertement autoproclamé suiveurs de Black Sab, et ayant grandement contribué à construire le pont entre punk et gros riffs : Saint Vitus. On y est...


En parlant de Soundgarden, je vais me répéter, je l'ai souvent évoqué dans ce blog, mais il m'a toujours semblé qu'un tel groupe pouvait en apprendre beaucoup à la horde des plus ou moins miteux groupes stoner du moment. Ultramega Ok, voire plus encore Louder Than Love, ont toujours sonné pour moi comme certains des albums fondateurs du stoner. Tout comme les premiers Melvins. Eux restent à mon goût les véritables inventeurs du riff robotique poussé à l'extrème et décliné sous toutes les manières chez les adeptes du stoner. Gruntruck ou Alice In Chains restent des maîtres en matière de gros riffs mi-plombés mi-dépressifs, qu'on peut retrouver par exemple chez Hangman's Chair, l'un des fers de lance du stoner doom hexagonal... Nebula, trio constitué d'anciens Fu Manchu, a parfois des faux airs de Mudhoney, avec qui ils ont partagé fut un temps le même label : Sub Pop. Sundrifter, un bon outsider dans le milieu stoner actuel, pue le Soundgarden à plein nez, même s'il garde un style bien à lui... Tout comme Gas Giant, fer de lance danois du stoner des années 2000. Inversement, les groupes originels du stoner comme Kyuss ou Monster Magnet ont à leur début été sans l'ombre d'un doute pour beaucoup, catalogués grunge... Nous y sommes. 

De même plusieurs membres éminents de la communauté de Seattle sont désormais passés à un grain plus rude, apparenté au stoner : Van Conner ex Screaming Trees qui fonde Valis, au son psyché pas si éloigné de son premier groupe, signé chez une des écuries stoner historiques, Small Stone, ou Tad Doyle passé au doom avec son projet de longue date Brothers Of The Sonic Cloth. D'autres ont accompagné l'avenement du stoner en participant aux Desert Sessions de Josh Homme, ainsi qu'aux fondations de Qotsa, mené par le même bonhomme : Matt Cameron, Van Conner, Ben Shepherd, Barrett Martin ou Mark Lanegan... Dave Grohl bien sûr, au delà de son implication dans le 3ème album mythique des Qotsa, devient dès 1992 et la sortie de Blues for the Red Sun de Kyuss, un fan invétéré, au point de commander l'album en plusieurs exemplaires pour en faire la promotion dans son entourage... Matt Cameron et Ben Shepherd, suite à une tournée en compagnie des jeunes Monster Magnet, se lient d'amitié avec John Mc Bain, guitariste sur l'ultra culte Spine Of God, premier album hallucinogène des MM, et fondent ensemble Wellwater Conspiracy... Dans le sens inverse, Josh Homme a accompagné les Screaming Trees en bout de course sur une de leurs dernières tournées, et Nick Oliveri, ancien bassiste de Kyuss, était Rex Everything chez les Dwarves... On le voit, les ponts entre les 2 « étiquettes » sont légions. 

Le stoner est bien une extension logique et filiale du grunge. De pauvres étiquettes pour des scènes décomplexées, pas effrayées pour un sous de mixer 70's et 80's en la seule décennie 90's. Si le grunge est avant tout la mise en avant d'un mouvement local, l'origine du stoner, lo Desert Sound, est aussi l'avenement, à l'instar du grunge, d'une scène oubliée de tous, loin de tout, et pratiquée en petit comité au fin fond du trou du cul du monde... Même combat...  


Disons simplement que le rock burné n'a pas besoin d'étiquettes... Disons qu'en fait on s'en fout de tout ça... Du moment que ça valse.

Pour les amateurs, à absolument regarder : Lo Sound Desert, documentaire qui retrace l'histoire de la scène à l'origine du desert rock et de Kyuss, entre ennui total, skate et generator party sous 40° à l'ombre...  Trailer ci dessus... Quelques morceaux de groupes suscités ci dessous :


25/05/2019

Seattle Grunge's Anecdotes : Charles Peterson face aux L7


Charles Peterson (photographe star de la scène de Seattle) : Les filles de L7 se sont posées dans mon salon, et elles ont été terribles : elles m'ont mis dans l'embarras, rendu foux mes voisins et tout dévasté. c'est la séance photo la plus folle et la plus réussie de toutes celles que j'ai réalisées. Une de ces photos a illustré la pochette de leur single "Shove", sorti chez Sub Pop, 1989


Les L7, adoptées par Seattle et Sub Pop dès 1989 avec la sortie de Smell the Magic, pour des raisons évidentes d'affinités de son d'abord, d'esprit ensuite, assoient leur popularité en rudoyant les mâles testostéronés durant des concerts ultra physiques où elles savent montrer qui sont les patronnes (voir ICI)!!!


02/11/2018

State of wine and cheese : "the french tribute to Pearl Jam" est dans les bacs!!


Suite logique à l'aventure collective que fut la pétition "Pearl Jam France 2018", et à l'émulation toujours vivante, vivifiante et joyeuse du groupe qui s'est formé à cette occasion, voici venir par la grâce de sieur Gian un tribute à Pearl Jam unique en son genre, regroupant 13 groupes franco-belges (12+1), et que vous pourrez vous procurer incessamment sous peu sur Amazon. Pour rappel, le groupe Pearl Jamily France sur facebook, c'est !!!


19/03/2018

Plus de 2000 signatures pour PJ France 2018!!!





Pétition ICI
Groupe facebook

The Inspector Cluzo, grand fan de PJ, s'est proposé pour assurer la première partie!!!

24/05/2017

Retour sur le grunge à l'occasion de la disparition de Cornell, par Very Good Trip sur France Inter


Very Good Trip s'est lancé hier soir dans une émission spécial grunge, à l'occasion de la disparition de Chris Cornell. Une belle heure de musique, avec quelques conneries et clichés inhérents au journalisme d'aujourd'hui, mais surtout avec une chouette sélection musicale, qui ne s'est pas contenté de faire au plus simple : exit Nirvana, mais du Trees, du Alice, et des vieux morceaux de Soundgarden, qu'on n'aurait jamais imaginé sur une radio nationale comme France Inter. Rien de nouveau donc pour les fans ultimes, mais ceci dit on passe quand même un moment très sympa... A récouter  

Aucun extrait cependant de Louder Than Love, peut être l'album le plus dangereux, dans le sens malsain, de toute la vague grunge. Sous tension permanente, oppressant, massif, un ovni musical à l'époque. Album qui impressionna Kirk Hammett himself, qui avoua s'être inspiré des riffs mastocs de Louder pour composer le Black album...  Scud mésestimé donc en comparaison des perles du groupe que sont Badmotorfinger et Superunknown, mais bel et bien pierre angulaire de la discographie des Cornell and co.

19/05/2017

Fell on black days... Décès de Chris Cornell


Scott Mc Cullum (batteur de Skin Yard, Gruntruck, 64 Spiders), parlant des débuts de Soundgarden : Chris était un gars très calme, réservé. Les gens prenaient ça pour une sorte de distance inhérente aux rock stars, mais ce n'était pas ça. C'était juste son caractère (...) Un jour on était dans la bagnole de Chris, en route pour un concert de Georges Thorogood. Chris conduisait, et tout d'un coup nous sort : les gars, je vais tenter de me mettre au chant... Et il se met à chanter à plein poumon!! On était plié de rire. Mais lui était super sérieux!

Mark Arm : Je connaissais les mecs de Soundgarden avant qu'ils soient Soundgarden. Ce groupe de reprise (The Shemps). Je ne savais jamais trop quel morceau ils jouaient, mais mon impression globale était que, quoi qu'ils jouaient, Chris sonnait exactement comme le chanteur de la chanson originale. Si ils jouaient les Doors, il sonnait exactement comme Jim Morrison. J'étais impressionné : Wow, ce gamin sait vraiment chanter...

18 mai - 4h00 du mat' (22h00 le 17 mai à Détroit) : l'heure d'aller bosser. La belle heure : il pleut, il fait bon malgré tout. Et j'aime ça bosser tranquillement de nuit, en sachant que les gouttes tombent dehors... Avant de traverser le jardin pour accéder à mon petit espace de travail, un rituel à respecter : remplir ma clé de quelques albums sympas à s'écouter pour la journée. Aujourd'hui... il me faut du Soundgarden!!! J'sais pas pourquoi : disons que, sur le coup : conforme à l'ambiance matinale... et pis ça fait un bail que j'ai pas écouté ce groupe que je porte au plus profond de moi, celui qui avec Pearl Jam, m'a tant fait revé... Il y a 5 ans tout rond, en 2012, j'étais au premier rang au Zénith de Paris pour tripper enfin en live sur mes idoles de jeunesse. En 2014, c'était au Hellfest. Que du bonheur!! J'espère pouvoir à nouveau les voir si ils reviennent en Europe dans les années à venir... Il faudra d'ailleurs, pour qu'ils défendent ce nouvel album que Chris a annoncé il y a une petite année...


5h30 (23h30 à Détroit) : l'heure du p'tit dèj. Déjà 1h30 de taf et le temps d'écouter en boucle le disc 1 du dernier Echo Of Miles. Rrraahh le Soundgarden première époque!!!! Rraaah les Toy Box, Heretic ou Cold Bitch. Cette ambiance de fin du monde (ou de génèse de l'univers, voir ici) que portent ces titres!! Cette putain de lourdeur dans les riffs... Et cette voix bordel!!! Respect immense pour ce mec, Cornell!! Dire que c'est dans un vide grenier il y a plus de 20 ans maintenant, que j'avais trouvé l'exemplaire promo de Cold Bitch. Face B : Exit Stonehenge. La claque!! J'avais plus ou moins 18 ans à l'époque, et je vénérais Soundgarden et ce son massif des débuts du groupe. Cold Bitch a toujours été pour moi le lien entre le Soundgarden des débuts et la période Badmotorfinger. Une batterie épaisse mais qui claque, et toujours des riffs d'une lenteur et d'une lourdeur titanesque!!!! Surement que mon amour du stoner vient des Melvins... Mais merde, c'est certain qu'il vient aussi de Soundgarden!!


10h30 : Deuxième pause. Superunknown dans la tête. Si j'avais à en emmener 3 sur une île deserte, celui là serait partie d'un trio formé du Mezzanine de Massive Attack, et bien sûr du Vs de PJ. Superunknown, c'est pour moi un des albums qui défini le mieux ce qu'est le grunge, tantôt mélancolique, tantôt rentre dedans, toujours accrocheur. Le morceau-titre en lui même est ce que Soundgarden a fait de mieux : Cornell y excelle, et le solo de Thayil rappelle que l'homme est un des meilleurs guitaristes de sa génération. Je jette un oeil sur le site officiel du groupe... Sans conviction... Y'a pas grand chose à se mettre sous la dent sur ce site, je le sais bien... Pourtant j'y reviens à deux fois... Comme si ce jour là j'attendais quelque chose... 

19 mai - 6h00 : En bon autiste de l'info, j'apprend avec retard la triste nouvelle par une news de Seattle Sound, le blog de mon amie Sly... Merde alors, bad news : Cornell se serait fait la malle... Mercredi soir, jeudi matin vers 5h30 chez nous avec le décalage horaire... Putaing de chiotte!!! Un je ne sais quoi me ferait bien dire que c'était dans l'air...

8h00 : Le choc est passé... Oui parce que dans ces cas là il y a toujours un choc. Il faut bien se rendre à l'évidence : cette fois Soundgarden, c'est bel et bien à jamais fini. Thayil va retourner faire le mort. Cameron ne jonglera plus entre ses deux amours de groupes. Shepherd le rebelle, Shepherd le sensible trouvera, j'espère, une autre voie... 

Mais il faut bien se rendre à l'évidence : cette fois Soundgarden, si ce n'était déjà fait, rentre à jamais dans la légende. A jamais les Fresh Tendrils, 4th of July, Outshined, Room A Thousand Years Wide, Hunted Down, Nothing to Say, Hands All Over, Gun, Flower ou Beyond the Wheel... A jamais cette voix inimitable, reconnaissable entre toutes... A jamais cet archétype du grunge, ce gars ténébreux qui en 1989 bouffait le micro boots en avant. Longue vie à la légende...

Dehors un rayon de soleil perce le noir des nuages et tape dans les gouttes d'une averse. C'est bô!! Finalement la journée s'annonce belle... Putain que la vie est belle!!!! Pour des tas de raison!!! Mais entre autre un peu aussi parce que les Cornell, Vedder ou Thayil, ont su lui donner ce mordant, cette énergie nécessaire à son épanouissement. La musique, c'est aussi ça pour moi : une transmission d'énergie d'un musicien à son public. Et Soundgarden était le maître incontestable d'une énergie bien spécifique. Soundgarden véhiculait la Puissance avec un grand P. Une putain de Puissance. Une Puissance mystique. Qui te faisait te sentir grand. Très grand. Fort. Très fort. Juste avec une putain de voix et des putains de gros riffs!!! Et cette Puissance là restera éternelle. Elle est en moi chaque fois que j'écoute ce groupe... Chris Cornell en était l'âme.

15/11/2016

Layne Staley : les dernières années...

Putaing en ce moment je revisite à fond les vieux classiques grunge... Après PJ, Alice In Chains!!! Normal c'est l'hiver... Et il pleut... Du coup d''habitude j'essaie de faire rire, aujourd'hui j'ai décidé que j'allais faire chialer héhé!!! Ben quoi??? C'est sympa un p'tit coup de déprime de temps en temps merde alors!!!!


Alice In Chains.... Puissance de feu musicale inégalée parmi les tenants du Seattle Sound, riffs imparables (même en 2016 : écoutez Phantom Limb sur le petit dernier... une tuerie...) et........... désespoir le plus total... Vain dieu quelle angoisse en toile de fond!!!! Rrrraahhh c'est jouissif AIC, y'a pas à chier, une sorte de pendant metal du grunge, mais faut quand même être plutôt sain d'esprit pour écouter ça en boucle... Faut croire que ces mecs n'ont jamais réussit à juste faire les choses à moitié... Toujours dans les extrêmes... Alice était certainement le groupe le plus borderline de Seattle, j’entends par là 4 gars qui vivaient quasi comme des SDF, en ruptures familiales (Staley, Kinney et Cantrell vivaient sans toit, les deux premiers virés par leurs parents, le dernier seul après les décès cumulés en 6 mois de sa grand mère et de sa mère, avec lesquelles il vivait), qui ne savaient souvent pas ce qu'ils allaient manger au prochain repas, et qui, bordel, jouaient une musique tellement puissante, tellement catchy!! Je pense que ces 4 gars étaient pour toutes ces raisons là des morts de faim, déterminés à sortir la meilleure musique possible... Mais aussi 4 gars plus que tout autre perméables à toucher le fond d'une certaine noirceur...

Ceci dit, même dans la mort les mecs ils font mieux que les autres!!! Mike Starr décédé en 2011 pour probablement abus de drogues. Et bien sûr Layne Staley, chanteur emblématique du groupe, qui vire de bord en 2002, après une dizaine d'années à creuser sa tombe, excusez du peu, à main nue!!!  Écorché vif le mec!!! Genre "j'veux vraiment en chier pour crever". J'aime vraiment Staley, pour sa voix extraordinaire, son attitude de clodo, tous ces albums qui seraient carrément moins excitant sans lui (Jar Of Flies en tête) mais pas pour tout le temps qu'il a mit à mourir... Toxico depuis les débuts d'AIC, Layne Staley s'enfonce progressivement dans la déprime, et particulièrement suite à la mort de sa petite amie, Demri Parrot, en 1996. Ce fut le vrai commencement de sa descente aux enfers. A partir de cette date, il se cloitre chez lui dans ce qui apparait un voie sans retour possible. Tout aura été fait par les membres de son groupe, ainsi que son entourage, Krist Novoselic, Mark Lanegan ou autre, pour le sortir de la spirale infernale. Sans succès.

Nick Pollock (guitariste d'Alice N'Chains, et My Sister Machine) : J'ai vu Layne pour la dernière fois probablement 1 an et demi avant sa mort. Je marchais sur Broadway à Seattle, et j'ai vu ce mec trainer dans la rue. Il avait l'air d'un vieux de 80 ans, avec sa fausse perruque blonde frisée et ses fringues bizarres, dépareillées. Il avait l'air d'un clodo. Il avait l'air juste cinglé. Je pensais que c'était un déguisement. Mais quand je l'ai vu de profil, j'ai pensé : "Oh my fucking God". Je venais de comprendre qui il était. Je l'ai interpellé, il s'est retourné : "Nick!!". Et il m'a fait une grosse accolade. J'étais sous le choc : c'était un squelette. Je crois qu'il n'avait plus de dents. On a eu une chouette conversation, et on s'est promit de se revoir. . Mais c'était irréel. C'était un cauchemar. Je ne savais pas à qui je parlais vraiment. A mon ami, mais en même temps ce n'était plus lui. J'étais tellement choqué. Je suis rentré à la maison, et j'ai pleuré.

Jeff Gilbert (journaliste musical et organisateur de concerts) : Layne se séquestrait lui même, et ne faisait rien d'autre que jouer aux jeux vidéos et prendre des drogues. je suis tombé sur lui à peu près 6 mois avant sa mort, dans le U District. Il avait l'air d'une vieille version de lui même, comme s'il avait 80 balais. Il était jaunâtre, ses yeux étaient tellement creusés, tellement sombres. Dans une tentative pour être drôle, je lui ai dis : "Putain mec, tu devrais sortir au soleil plus souvent". Mais je sentais en lui cette somme de tristesse hallucinante. He was a dead man walking.

Susan Silver (manager d'AIC) : Sean appelait Layne tout le temps. Il pouvait l'appeler tous les jours pendant 6 mois. Layne ne répondait jamais. Pas parce qu'il avait quelque chose à reprocher à Sean. C'était juste qu'il était dans sa bulle.


Mike Starr (1er bassiste d'AIC) : Il est mort le jour d'après mon anniversaire. Et j'étais avec lui ce jour là, le jour de mon anniversaire, essayant de le garder en vie. Un moment je lui ai demandé si je devais appeler les urgences, et il m'a répondu que si je faisais ça et il ne me parlerait plus jamais. Bien sûr, je ne savais pas qu'il était en train de mourir, sinon j'aurais appelé. 
Layne m'avait juste dit : "Je suis malade". J'avais pris de quoi planer à mort ce jour là. Il était agité de ne pas me voir redescendre. Il m'engueulait d'avoir pris ces pilules. On s'est pris le bec et je me suis barré. Et ses derniers mots pour moi furent : "Pas comme ça, ne part pas comme ça". Je l'ai juste laissé là, assis. Ses derniers mots étaient : "Pas comme ça".... Je peux pas croire ça. J'ai tellement honte de ça.

Sean Kinney (batteur d'AIC) : Ça a été un des suicides les plus longs du monde. J'attendais cet appel depuis longtemps. Depuis 7 ans en vérité. Mais ça n'a pas empêché de me choquer le moment venu.

Mike Inez (2ème bassiste d'AIC) : A ce moment précis j'étais vraiment mal. Randy Castillo, mon meilleur ami, le batteur du groupe d'Ozzy (Osbourne), et mon mentor, venait de mourir d'un cancer. le lendemain de mon retour des funérailles, j'ai eu un appel de Sean. "T'es bien assis??.... Layne vient de mourir". "Oh my God, tu déconnes???" Ça a été l'une des pires périodes de ma vie.

Mike Starr : Quand le groupe s'est formé, on est tous devenu comme des frères, spécialement moi et Layne. On se marrait comme des fous, on riait tous énormément. On s'est toujours tous supporté les uns les autres. J'étais chanceux de jouer avec ces gars. 
Un jour, j'ai croisé Jeff Ament. Il m'a fait remarquer : "C'est dingue de vous voir toujours tous les 4, vous êtes toujours tous ensemble les gars, en toutes circonstances!!". J'étais là : "C'est vrai mec. On est les 4 mousquetaires, mec". On vivait pour ce groupe. C'était notre seul intérêt dans la vie.

Ci dessous un petit extrait de Jar Of Flies justement, certainement un des albums de rock parmi les plus foncièrement bô. Je peux pas dire autre chose que ça. Il se dégage de ces morceaux quelque chose de simplement magnifique... Juste dire aussi que les deux derniers albums d'AIC sont des tueries. A écouter absolument. Ils ne sont pas si loin en qualités des classiques du groupe... 




PS : Saviez vous que les deux amants sur la pochette de Mad Season sont en réalité Layne et Demri...

15/10/2016

Drive Blind les yeux bandés!!

Tiens? Ce blog n'est pas abandonné? QUOI????? LE MEC SERAIT TOUJOURS VIVANT???? Dis moi pô que c'est pô vrai!!!!! Juste le mec il vient de se réécouter dans le désordre la disco complète de son groupe de toujours, Pearl Jam, en se disant que le petit dernier n'était en fait pas si mal, et même plutôt bon. Et même carrément bon. "She's a lightning bolt... lightning bolt"... Puissant ce morceau. Et de lire, enfin, dans un petit plaisir coupable, la somme en quasi 400 pages qu'est "PJ Twenty". Et de revoir le docu PJ20... Y'a pas à chier, c'est le plus grand groupe du monde!!! Héhé. 

Bon, juste pour dire aussi que dans le dernier Noise était fait mention de Drive Blind, ovni musical dans la France des années 90, et de la ressortie de Be a vegetable, remarquable album complètement dans l'air du temps à l'époque, tout en rage et tension, agressif, massif, et qui n'avait p**** de rien à envier à ses homologues us... De lire ça m'a gentiment rappelé ce moment d'adolescence ou j'ai pour la première fois eu vent de l'existence de ce groupe, via si je me souviens bien, une chronique de feu Hard Force ("n°27 : toute l'année hard 1994", putaing je viens de retrouver la couverture sur le net) épluchant l'EP de 1994 justement, Tropical Motion Fever, plus orienté sur un rock noise j'aurais tendance à dire pro Dino Jr vs Sonic Youth, genre petite voix gentille et lancinante perdue au milieu du chaos sonique. Super bien ficelé, enchainements de chouettes chansons grunge pop, tel Smile Like Elvis ou Television... En ce temps béni j'avais flashé sur la pochette (rien que la face du gosse...) , mélange d'innocence et d'agressivité, un peu comme la musique du disque en fait. Merci New Noise de m'avoir amené à réécouter ça 20 ans après!!! Vraiment à redécouvrir... 


A plus les aminches!!!